La clue ou cluse est un passage étroit que l’on trouve assez fréquemment dans les vallées des torrents de Haute-Provence. Du latin “clausus” qui signifie fermé, une clue est donc un passage presque «clos», ouvert généralement par le travail de sape d’une rivière. Nous sommes ici au cœur du Géoparc de Haute-Provence, dans la Vallée du Bès.
Vallée du Bès
Un millefeuille sédimentaire
Longtemps, les clues ont freiné les communications entre les hommes et ce n’est qu’ à partir de la fin du XIX siècle que l’on a vu des routes franchir ces verrous naturels. Les Clues de Barles, aussi appelée clue de St Clément, du nom d’un hameau voisin, ainsi que la Clue de Verdaches ou de Mardaric, correspondant à la limite entre le Pays de Seyne en amont et celui de Digne en aval. Ici le Bès a entaillé une puissante barre calcaire datant de la fin du Jurassique supérieur ou du début du crétacé inférieur, voilà 155 à 141 millions d’années. Cet ensemble de couches verticales et épaisses est coupé 3 fois par la rivière profitant des fragilités de la roche plissée et déformée lors de la surrection des Alpes. L’érosion a dégagé des couloirs perpendiculaires au lit du torrent qui correspondent aux zones les plus fragiles où les couches sont moins épaisses.
A l’entrée des clues, se dresse une étrange sculpture de pierres. C’est une des «sentinelles» de l’artiste contemporain Andy Goldsworthy. Cette œuvre d’art fait partie de l’itinéraire land art Collection d’Art en Montagne du Musée Gassendi, début d’une série de curiosités géologiques et artistiques uniques au monde. Ainsi de part et d’autre de la route et sur une très courte distance, se dresse la superbe cascade du Saut de la Pie, le site carbonifère d’Auzet, les hydropithèques et autres œuvres dans la nature, le site du vélodrome d’Esclangon, qui abrite les moulages des fossiles d’empreintes d’animaux, et le sanctuaire de Rocherousse. En se retirant sous l’effet de la surrection des Alpes, la mer a fait émerger d’autres trésors géologiques en Haute-Provence tels le désert lunaire des Terres Noires ou ces étranges monstres marins que sont les ichtyosaures.
La géologie accessible à tous
Choisissez votre façon de découvrir
Les géologues vous accompagnent
Chaque été, plusieurs Géotours sont organisés par le Géoparc de Haute-Provence, pour aider à comprendre le paysage sous l’œil de l’expert. Prenez de la hauteur sur les bordures du bassin de Seyne, au cœur d’une vallée glaciaire qui jouit d’un climat particulier au sein du Géoparc.
Les sédiments (anciennes boues, sables, graviers ou matériaux plus grossiers) sont devenus des roches. Déposés les uns au dessus des autres, ils forment des couches successives. Ces dernières renferment des informations (fossiles, milieux de dépôts) qui permettent de reconstituer les paysages anciens. Les plissements que l’on voit (notamment ceux de la surrection alpine) témoignent de la déformation de la pile sédimentaire d’origine. Par ailleurs, l’érosion a entaillé les reliefs, dévoilant des couches géologiques qui sont normalement profondément enfouies. Ainsi, chaque couche se lit comme une page d’archive, dont il manque parfois quelques lignes ou quelques mots ».
Réservations
Des supports géologiques ludiques
L’association Vallées du Bès propose des supports vidéo et des illustrations pour rendre la géologie accessible à tous. En vente à l’office de tourisme de Seyne ou auprès de l’Association.
Du gypse au plâtre, la pierre utile aux hommes
Une exposition qui illustre les relations intimes que les Hommes ont toujours entretenues avec cette roche si fréquente dans les paysages de notre région qu’on n’y fait plus vraiment attention ! Les couleurs parfois spectaculaires du gypse forcent pourtant l’admiration, et son rôle dans l’histoire géologique locale est loin d’être négligeable. L’extraction se faisait librement par les propriétaires des terrains gypseux, sans aucune demande d’autorisation. Elle nécessitait peu d’outillage : pics, coins et masse, barre à mine et poudre noire pour détacher les blocs des parois. Qu’on le cuise et le voilà plâtre, rose et rustique, dans et sur les murs des villes et des villages. Plus finement collecté sans impureté, on le retrouve en plâtre d’un blanc éclatant dans les maisons qui ont conservé les délicats décors de gypseries. En photo dans l’exposition, un four paysan très simple abandonné au Château à Barles, encore plein de blocs de gypse, en état de fonctionner après une ultime cuisson ?
Proposée par le GEOPARC de Haute-Provence, durant l’été, l’exposition est visible dans une des communes du Géoparc.