Derrière le sommet de Dormillouse, la montagne pastorale du Col Bas abrite quelques-uns des plus beaux lacs d’altitude du département, des milieux humides exceptionnels et fragiles.
Un site naturel unique
Il s’agit d’un phénomène rare en Haute-Provence : les lacs ont été envahis par des plantes qui se sont accumulées au fil du temps et les ont comblé en partie, constituant un milieu humide original. Celui-ci interdit la décomposition totale des matières organiques, ce qui donne cette couleur noirâtre au lac et permet la formation de la tourbe par couches au rythme de 3 à 4cm par siècle. Chaque couche conserve des débris d’être vivant disparus au fil des siècle et permet de reconstituer les milieux des différentes époques.
Des sentiers respectueux des milieux
Les trois lacs, Lac Noir, Lac du Milieu, Lac de la Cabane, sont accessibles en randonnées pédestres et en raquettes au départ des télésièges de la station de Montclar ou du Parking du Col Bas. Plusieurs autres zones humides recouvrent le Vallon de Provence, pour préserver ces habitats exceptionnels, restez sur le sentier. Cet incroyable site, riche en biodiversité offre une vue à couper le souffle sur la Vallée de l’Ubaye, la Vallée de la Blanche et le Lac de Serre-Ponçon. Une randonnée qui saura ravir les grands et les petits, tendez l’oreille, les marmottes ne sont pas loin !
Espaces naturels sensibles
Compte tenu de sa forte sensibilité, ce site bénéficie de plusieurs statuts de protections règlementaires nationale et européenne, Espace naturel sensible du Département, Site Natura 2000 au titre de la Directive Habitat, Site inscrit par arrêté du 22 octobre 1986 et Arrêté de protection de biotope. Ces différents statuts visent à protéger un complexe exceptionnel de zones humides qui abrite une mosaïque de milieux riches au niveau biologique. Les lacs du Milieu, de la Cabane, Noir et de l’Euve, ainsi que les tourbières et marais des vallons de Provence et du Loup en constituent les principaux éléments.
Beauté mais surtout vulnérabilité
Le territoire s’engage pour la préservation des milieux naturels abritant des espèces fragiles. Respectons les sentiers balisés, emmenons avec nous nos déchets, ne cueillons rien sur le milieu. Les habitants des marais humides d’altitude ont vu leur territoire reculer avec l’assèchement des terrains et l’urbanisation. Comme le criquet ensanglanté qui doit son nom à la couleur de certaines femelles qui présentent une livrée verte plus ou moins maculée de rouge sang, le mâle ne conservant que la couleur rouge à l’arrière des fémurs, caractère propre à l’espèce. Ou encore le triton alpestre au ventre orange vif, espèce semi-aquatique vulnérable et fortement impactée par l’assèchement du milieu.
Des zones de tranquillité du tétras-lyre, espèce emblématique des Alpes, ont été installées pour sanctuariser les refuges hivernaux de ces espèces fragiles et ainsi enrayer la régression de leur population.
Les balades en raquettes sont possibles, en contournant en respectant les zones de tranquillité, nous vous conseillons donc de suivre les traces d’un accompagnateur en montagne.
Expérience insolite
Journée Grand Nord au Col Bas
On s’immerge dans l’ambiance feutrée d’une montagne enneigée. Le pas lent, la respiration profonde, un groupe de randonneurs en raquette traverse la forêt qui surplombe Montclar : village et station de ski de la vallée. En toile de fond : l’air vif de l’hiver ensoleillé. Le groupe se laisse guider par l’accompagnateur qui partage ses connaissances sur la faune, la flore et l’histoire de la vallée, en suivant les traces et indices laissés dans la neige…
Ecoutez l’interview de Clément, accompagnateur en montagne et conteur d’histoires naturelles locales.
Pastoralisme au Col Bas
Après le Col se dresse le Vallon de Provence, un alpage fleuri ponctué de quelques névés au printemps, où vous rencontrerez peut-être un habitant à la belle saison : le berger. Il a sous sa responsabilité plusieurs dizaines de moutons ainsi que des chiens de protection donnant à ces lieux le nom de Montagne Pastorale du Col-Bas. Il peut rester jusqu’au mois d’octobre, lorsque les mélèzes prennent leurs flamboyantes couleurs d’automne. Lors de vos randonnées, veillez à respectez ces règles pour que la rencontre avec les chiens de protection se passe bien.
Saint-Léger
L’autre zone humide de Montclar
Le lac de Saint-Léger s’apparente plus à une tourbière, c’est un site classé Natura 2000. Sa richesse écologique est inestimable tant pour la flore que la faune. On peut notamment y trouver des Sabots de Vénus, Orchidées protégées ainsi que d’autres espèces végétales moins connues comme le Choin Ferrugineux. Un mollusque rarissime, le Vertigo Angustior y a également élu domicile. Le petit plus : des Nénuphars en fleur en juin/juillet sur le lac… à regarder sans toucher !
Un sentier de découverte vous est proposé au départ de la station de Montclar (environ 2h). 7 panneaux présentent la richesse du terroir de la vallée de La Blanche : la géologie, les usages des habitants du XIXème siècle (le lac, le four à chaux, le clapier), la présence des Templiers, la mystérieuse « pierre aux sacrifices » druidique sculptée de croix et de trous, les oiseaux de passage sur le lac glaciaire… Des sorties archéologiques sont prévues l’été.
C’est également un fantastique site de découverte ornithologique, vous trouverez un poste en lisière de forêt pour pouvoir observer les oiseaux sans les déranger. Toujours en suivant les panneaux, on arrive à la chapelle de Saint-Léger. Elle aurait été construite au XIIème siècle par les Templiers qui gardaient le Col à cette époque et, assuraient la sécurité des échanges et des voyageurs en ces temps peu sûrs.
Ce site d’une grande quiétude, propose une pause hors du temps au cœur d’une nature préservée. Partez à la découverte du passé insoupçonné de ce site. Profitez d’une balade au frais des bois pour découvrir, au détour d’un regard, le lac en contrebas avec sa faune et sa flore incomparables.
Découvrir Blanche Serre-Ponçon
